SÉNÉGALAIS DEBOUT ! Coup d’œil sur quelques aspects d’une introspection.


Par la survenue du COVID – 19, encore une fois, nous saisissons, à la suite d’une de nos publications, intitulée : « Sénégalais debout ! », l’opportunité de nous prononcer dans le même ordre d’idée, en toute humilité, dans l’optique de vaincre cette pandémie qui ravage, et décime les peuples, sans exclusive. 

 

Aussi, de notre station citoyenne, voudrions-nous, via cette maladie, tenter de crever l’abcès du mal sénégalais. C’est dire que la quête de sa solution implique de sérieuses réflexions et une jonction de nos forces, ce qui ne saurait être que le lieu de faire d’une pierre plusieurs coups, je dis : observer, diagnostiquer, trouver la thérapie, et soigner cette pléiade de plaies et de douleurs qui nous gangrènent.

 

Sous un angle religieux, Allah Soubhanahou Wataalah, Maitre des cieux et de la terre, par cette hécatombe, nous administre la preuve, de Son Unicité, de Son Omnipotence, de Son Omniscience et de Sa Puissance. Peut-être, pour rééquilibrer le monde, pour rappeler à l’être humain son statut de simple créature, qui ne saurait être que Son simple esclave, bien entendu, mais, devant accomplir sur terre, une mission, dans le respect de son prochain, auquel, il ne saurait nullement être son supérieur. Je dis comme pour nous rappeler notre statut d’humain, pleins de défauts, enclins à nous prendre pour le centre du monde, méprisant, souvent, nos semblables, du fait d’une prétendue fortune, de notre statut social relativement enviable, de notre savoir pointu qui nous fait dominer le cosmos, au point de vouloir nous placer à une station autre que celle de simples humains.

 

Oui, il faudrait, tout d’abord, féliciter les Sénégalais, qui dès l’aube de la surrection de l’ennemi, le CORONAVIRUS, ont pris leur responsabilité et, debout, se sont dressés et ont fait face. Du Président de la République, au plus modeste citoyen, en passant par l’équipe gouvernementale, et toutes les autorités à quelque niveau qu’elles se trouvent, la sublimation, est de rigueur, reconnaissons-le. 

 

Le ministère de la Santé et de l’action sociale, concernée au premier chef, dans tous ses démembrements, le corps médical pour ne pas le citer, sont plus que jamais debout, dans cette croisade face à l’envahisseur. Du chef de l’État au plus modeste travailleur, rappelais – je, du dirigeant d’entreprise, à l’ouvrier, du chef religieux au disciple, citoyens de tout bord, dans un respect des recommandations officielles, en parfaite symbiose nationale, s’activent dans la mouvance de la recherche de la stratégie appropriée pour vaincre cet ennemi commun, invisible, le COVID – 19.

Pour autant, de cette pandémie, la réflexion promène mon regard vers l’horizon, autrement dit, pose la problématique du mal sénégalais, qui a nom ; santé publique, indiscipline, incivisme, hygiène publique, obsolescence de certains usages, méchanceté gratuite, laisser – aller à tout – va, « masla », etc. 

 

Aujourd’hui, les bouleversements observés à travers le monde induisent de nouvelles prises de conscience inhérentes à notre vulnérabilité. Si peu que nous soyons avertis, à l’image de la marche du monde, concevons un nouvel ordre national, continental dans le sillage d’un autre nouvel ordre mondial imminent, du moins, s’il n’est pas encore effectif. 

 

En d’autres termes, il s’agit de corréler les moments d’infortune que nous vivons à l’heure de l’introspection nationale. Bien entendu, que les autorités de la République soient si préoccupées par cette guerre dont elles sont l’État – major, ne nous empêche point de mettre le focus sur le diagnostic sans des maux dont leur solution, augurent, demain, après avoir vaincu l’ennemi, la parturition de ce nouvel ordre national, qui sera le soubassement de notre émergence, voire de notre développement.  

 

Dès lors, comme relaté, dans une précédente contribution, parler des écueils qui jalonnent notre parcours quels qu’ils soient, n’est que le préalable d’un combat pour l’avènement d’un Sénégal meilleur. Par conséquent, force est de revisiter nos tares, dont la première, notre indiscipline.

 

Renforcer le programme de l’instruction civique aussi bien à l’école élémentaire qu’au cycle moyen ne serait pas superfétatoire. Commence à ce niveau la formation citoyenne. L’accroissement du coefficient de cette matière dans notre système éducatif est – à mon humble avis – une nécessité. J’avoue que le retour à la levée des couleurs, tous les lundis, dans toutes les écoles du pays, s’inscrit dans cette dynamique. Ce qui est salutaire. Conformément à l’exemple présidentiel, tous les premiers lundis du mois. L ’éducation du peuple commence par là.  Instaurer à l’école le culte de la discipline : imposer à l’élève de faire la queue pour quelque besoin que ce soit, à l’achat de goûter à la cantine, à l’entrée des toilettes, du bureau du directeur et j’en passe, sont autant d’actes instructifs, nécessaires à la formation de l’homo – sénégalensis de type nouveau. Pour ce faire, tous les membres de la famille éducative doivent s’impliquer. Et le corps enseignant, en dépit de ce qu’il a déjà fait, en amont, devrait être intransigeant dans l’application de cette règle innovante. 

 

Pour le secteur du transport, le cas des « cars rapides » ou « Ndiaga NDIAYE » en est un exemple patent. L’apprenti – chauffeur, nullement en sécurité, parce qu’ arc – bouté sur le marche – pied, dès lors que pour peu que cet organe cède lors du roulement, sauf miracle, il est mortellement fauché par la voiture suivante, Et comble de paradoxe, cet automobiliste, risque la prison pour homicide involontaire. Toutefois, il est heureux de constater au Rond – point de Liberté 6, le rang des voyageurs, empruntant les mini – bus « Tata » ou les taxis clandestins ou « clandos ». 

 

Voilà une attitude salutaire, à encourager dans d’autres secteurs.

Un coup d’œil sur l’environnement de nos marchés, nous focalise sur l’installation anarchique des cantines, baignant dans une araignée de fils électriques dont nul ne peut déceler les origines. Une insécurité et un informel sans précédent.  Or donc, la moindre surgie d’un court – circuit électrique, engendrerait un incendie, qui n’épargnerait nullement le voisinage. Le marché de Castors, un des plus grands marchés de Dakar, en est révélateur. 

 

À ce niveau, les exécutifs locaux sont interpelés. Pour ce faire, l’agent voyer de la mairie, le surveillant du marché, les commissions techniques municipales comme celles des Halles et marchés, de l’hygiène, environnement et sécurité, quelques membres du Conseil Consultatif de l’institution que l’édile devrait obligatoirement mettre en place, quelle que soit leur obédience politique, un représentant du Service d’hygiène national et celui de la Caserne des Sapeurs – Pompiers, devraient travailler en inter – commission. Car, gérer, c’est prévoir.

 

Il faut que nous nous départissions de ce défaut de « médecin après la mort ». Combien sont-ils, en cas d’incendie, à pouvoir manier l’extincteur qui meuble nos murs ? Avons-nous une fois pensé à une opération de simulation d’un incendie dans nos écoles, où sont quotidiennement regroupés des centaines d’élèves ? Alors que la prévention des risques, est un processus important du management de la qualité dans toute structure.

 

À propos des hommes politiques, des autorités de la République, : ministres, directeurs généraux, députés, présidents de collectivités territoriales, maires et tutti quanti, et j’en suis, une fois nommés ou élus, pour la plupart, leur promotion rime avec changement de comportement vis-à-vis de leurs mandants. 

 

Aussi, leur changement de station implique un emploi du temps nouveau, différent du précèdent. Le volume de travail, il est vrai, augmente, mais n’autorise point un black- out sur les sollicitations des populations si tant est que lors des campagnes électorales, ces dernières sont galantement courtisées, qui par la courbette, qui par des discours pompeux servis dans une langue mielleuse, urbi et orbi, avec toute la disponibilité et la politesse requises.  C’est incompréhensible et irrespectueux, de rester aphone par rapport aux communications. Alors que résoudre ce problème, - si tant est qu’il l’est -, équivaut à la mise en place d’une simple stratégie organisationnelle, un simple processus dudit management cité supra, et rien d’autre. Comme me le disait un ami, le député – maire de la commune de SICAP Liberté Santi Sène AGNE: « II n’existe que deux types de sollicitation : l’une a une solution, l’autre, non. ».

 

Ces attitudes ont vu le jour ces dix ou quinze dernières années. Bien que n’ayant jamais milité au parti socialiste, j’ai eu l’honneur d’avoir vécu un pan de l’histoire de leur gouvernance ; et d’avoir côtoyé certains responsables. Retourner l’ascenseur aux mandants, en répondant à leurs coups de fil ou courriers dès qu’on termine son travail officiel, administratif, est un devoir sacro – saint. 

 

Un acte élémentaire de bonne gouvernance, de respect de l’État, qui est l’instrument de la Nation, du Peuple. Ce ne saurait être qu’un problème de discipline, de conscience et d’éthique républicaines. 

 

Et pourtant, le Président de la République, dans un passé récent, a mis le holà, sur cette question, en s’adressant aux autorités. « Ouvrez vos téléphones et répondez aux sollicitations ». Les échos de ce cri du cœur retentissent encore dans nos tympans. Or, pour lui avoir envoyer quelques courriers, je ne fus que déçu, non parce que je n’ai pas reçu de réponse de la part de son entourage, mais parce que c’est la même formule lapidaire toujours servie au citoyen lambda. Ensuite, sans suite. Tristement ! Dommage ! Alors que le Sénégal appartient aux Sénégalais. Cela mériterait une thématique au Dialogue national !

 

Ma grande sœur, l’ainée de notre famille, née le 18 Juin 1945, a adressé un courrier au général De Gaulle, en 1970, eu égard à la coïncidence avec son appel du 18 Juin. Elle reçut la réponse du Chef de l’État français, en dépit de ses lourdes et graves charges. N’eurent été les rigueurs de cinquante ans de garde jalouse de ce document, je l’aurais reproduit ici en fac – similé et démontrer aux autorités citées ci – dessus, cet acte altier du Général et qui doit inspirer notre classe politique. Quelle hauteur ! Cet exemple est à méditer.

 

Dans cette même veine, je ne me lasserai de citer l’exemple du président Amadou Mahtar MBOW, qui, malgré le poids de l’âge – Quatre – vingt – dix – neuf ans – et des responsabilités à lui conférées par Dieu, m’a impressionné, je l’avoue, par sa faculté à rendre la politesse, quelles que soient ses occupations : répondre aux appels en absence, aux textos téléphoniques, prises de rendez – vous avec un tiers qui aurait besoin d’un éclairage sur un sujet, ponctualité, etc. L’exquise politesse, la discipline et le respect accordé à l’autre par ce Sage, sont des qualités que nous devrions faire nôtres, pour nous corriger, tout en faisant preuve de solidarité dans notre COMMUN – VOULOIR – DE – VIE COMMUNE, et apprendre à afficher le profil bas, oblige notre nature de mortels. Que Dieu prête encore très longue vie au patriarche ! Essayons de réduire le narcissisme qui prend vie chez nous, dès qu’on est promu à un poste. Cela est bien sénégalais ! Ça n’a pas de sens. L’histoire en témoigne. Les hommes passent, les institutions demeurent.

 

Sous cet angle, ne devrions-nous pas retourner à l’ère de la formation dans nos partis politiques. Contraindre nos différentes formations à faire de l’école des partis une réalité. Aujourd’hui, la plupart des hommes politiques ne sont plus formés. Excepté, ceux des partis de gauche, il faut le reconnaitre. Le comportement et les discours des politiques d’aujourd’hui attestent éloquemment de ce déficit criard de formation, qui faisait hier, la fierté de la classe politique. 

 

Platitude des arguments servis dans les débats, méconnaissance de l’élémentaire règle de la prise de parole dans une réunion, absence de capacité d’écoute, d’esprit de synthèse, du b a ba de la rhétorique, sont les choses les mieux partagées. De nos jours, communier autour d’un plateau de réunion avec de jeunes politiques, vous donne le tournis. Un embrouillamini. A mon sens, voilà le profil de l’archétype de l’homme politique, qui doit sortir ce pays de l’ornière, qui, nécessairement, doit être formé.

 

De notre introspection, nous dénonçons ce charretier dont le cheval déverse ses crottes sur la route en plein milieu urbain, suscitant odeur pestilentielle et tourbillons de mouches ; l’impolitesse de l’automobiliste, auteur de fautes, impatient, prompt à insulter l’autre à la moindre remarque ; la méchanceté gratuite, parfois, émanant du chauffeur de ce car rapide enclin à égratigner le joli véhicule, neuf, si proche, considérant son conducteur comme un faiseur de malin parce que, peut-être, il est cravaté ; la circulation des camions de marque ancienne dont l’arrêt de fabrication date de plus de vingt - cinq ans, comme les bus de transport inter – urbain du même âge, conduits par des jeunes immatures ; ce nouveau phénomène de jeunes qui battent leur tam – tam, en chantant, de jour comme de nuit, transgressant la quiétude ambiante ; le « masla », vecteur de tous nos abus sociaux, qui nous a tant retardé, dans la marche notre Nation, et tutti quanti.

 

C’est aussi le cas des cantines autour des écoles, du stade Demba DIOP, inadéquats avec l’environnement des villas de la SICAP ou de Centenaire – Gibraltar, autour des mosquées, et j’en passe ; un autre sujet qui mérite d’être débattu. Quid de ce nouveau type de gare routière comme celui des « clandos » qui jouxte le « Jet d’eau » de l’avenue Bourguiba, etc. Vivement pour une mesure de ruptures émanant de l’État central avec ce type d’anarchie dans le sillage des déguerpissements !

 

Pour tout dire, cette guerre mondiale, froide, différente de la guerre chaude, mais d’une froideur autre, a boosté nos ressources, ravivé nos consciences, réveillé notre humanisme, aiguisé notre patriotisme, fouetté notre orgueil et développé notre foi en Dieu. Ce Dieu qui démontre qu’IL est le seul Maitre de l’Ordre, de la Justice, des Équilibres et Déséquilibres, des Cieux et de la Terre. Tirons en les enseignements pour aller de l’avant.

 

Mame Abdoulaye TOUNKARA

Citoyen sénégalais

 

Mercredi 8 Avril 2020




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